Péril en la pagode

Publié le par Victor

 

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On vit vraiment une époque formidable. Voyager est devenu presque commun et l'on peine à découvrir des destinations préservées du tourisme de masse. Alors on cherche de plus en plus loin, vers toujours plus d'exotisme, plus d'authenticité.

L'Asie du sud-est est incontestablement devenue une étape obligatoire pour tout globe-trotteur du dimanche avide d'enrichir son profil instagram/facebook de quelques clichés anthologiques et passablement retouchés. Rien de personnel dans ma vindicte, vous l'aurez deviné aisément... ou pas.

Seulement voilà, si vous voulez crâner auprès des copains/copines, partir en Thaïlande ça n'est plus exceptionnel, ça parait même un peu vulgaire. La faute à Pattaya peut-être ? Le Vietnam, c'est l'usine à touriste version 2.0. Le Cambodge et le Laos c'est sympa, mais c'est limité. La Birmanie en revanche, ça vient d'ouvrir et ça fait donc un peu baroudeur d'y traîner ses guêtres.

L'endroit sent le souffre. La junte militaire y exerce encore une autorité brutale contre les tribus Karens qui ne se laissent pas faire. La minorité musulmane Rohingya subit le courroux d'une forme de bouddhisme pour qui la non-violence est une option discutable puisque menant aux massacres de 2012. La ministre des affaires étrangères et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, discrète sur ces questions-là, peine à endiguer ce flot de sang.

A cela on rajoute une corruption endémique, une hygiène globale assez relative et le manque d'infrastructure pour bien ficeler le projet de voyage. Dis comme ça, c'est pas ce qu'il y a de plus attrayant mais derrière ces petits désagréments, on a la possibilité d'en prendre plein les yeux tant les paysages sont à couper le souffle et les vestiges anciens préservés. La visite d'une capitale vide et gigantesque est également un plus pour tous les aficionados de film catastrophe impliquant la disparition de l'humanité.

Il ne manquait plus que nous, avec nos gros souliers dont on a du mal à se départir, à vouloir concurrencer Hubert Bonnisseur de La Bath, à le surpasser même... C'est dire notre capacité à nous ficher royalement des sensibilités locales sous le prétexte fallacieux d'une ignorance crasse de la terre que l'on foule, mais sachant bien qu'un touriste ne risque rien quand bien même il ose tout. Mais ne vous méprenez pas, parfois le risque est bien réel et il est infiniment plus désagréable de le constater loin de chez soi. Voyageurs en goguette vous voilà prévenus. 

Fraîcheur et délices

 

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