Relations UE-Turquie : Erdogan continue à faire tomber les masques

Publié le par Martin Ryan

 

Le président turc Recep Erdogan ne cesse de démontrer qu'il sait, mieux que quiconque, exploiter les faiblesses et les contradictions bruxelloises à son avantage.

Pendant près de deux ans, suite à la première "crise des migrants", Ankara n'a eu de cesse de jouer sur la culpabilité structurelle d'une Europe de l'Ouest – prête à tout sacrifier, à grands relais d'Open society, pour se donner bonne conscience – en pratiquant le « chantage aux réfugiés »1.

 

Mais alors que Bruxelles semblait avoir définitivement repris la main en novembre dernier2 – en adoptant une résolution appelant à "un gel temporaire" du processus d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, suite aux mesures de répression prises (jugées "disproportionnées" et "portant atteintes aux valeurs de l'UE") par le gouvernement turc suite à la tentative de coup d'Etat en juillet 2016 – Erdogan s'est progressivement muté en victime du "club chrétien" en conspuant régulièrement "l'arrogance" de l'Union européenne, difficilement dissimulable, il faut le dire, dernière un discours droit-de-l'hommiste bienveillant.

 

Opération de plus en plus payante pour cette Turquie en pleine transformation politique, "éconduite" et "humiliée", n'ayant ainsi pas d'autre choix que de constituer un nouveau pôle, tout en sortant progressivement du processus d'adhésion à l'Union européenne par la grande porte. L'Homme malade devient l'Homme offensé, ce qui est bien plus mobilisateur, et nos dirigeants européens ne le savent que trop bien.

 

Ainsi, les "soupçons" du président de la Commission, grand visionnaire devant l'éternel, Jean-Claude Juncker, voyant une Turquie cherchant à "mettre un terme aux négociations pour pouvoir charger de la responsabilité la seule Union européenne et non pas la Turquie"3, sont, il faut le reconnaître, parfaitement justifiés et constituent un véritable aveu d'impuissance face à la "brute anatolienne", autrefois fréquentable, mais bien plus légitime sur ses terres, elle, que n'importe quel dirigeant européen (non élu) chez nous, hélas.


 

 

1http://la-centrale-a-idees.over-blog.com/2016/03/accord-ue-turquie-ankara-fait-monter-les-encheres.html

2http://la-centrale-a-idees.over-blog.com/2016/11/accords-ue-turquie-ankara-menace-d-ouvrir-les-vannes.html

3http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/juncker-la-turquie-s-eloigne-a-pas-de-geant-de-l-europe_1938579.html

 

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